La stupeur, la peur, l’incompréhension, voir la colère sont autant d’émotions qui, depuis le 16 octobre, traversent la société française percutée par la barbarie et l’atrocité de ces meurtres.
Notre peuple pleure les siens !
M. Paty, un enseignant, servait la société française en participant à l’acte fondamental d’instruction de la jeunesse. À Nice, des chrétiens ont été lâchement assassinés. Quelle folie ! Ces actes tentent de nous diviser. Gardons un regard miséricordieux pour retrouver la fraternité dont a tant besoin notre humanité.
Dans son encyclique « Laudato Si », le Pape François évoque 3 principes qui permettent d’envisager la construction de notre maison commune :
• L’unité est supérieure au conflit. Nous devons être en recherche de ce qui nous unit et non de ce qui nous divise. Nous avons chacun des talents à mettre au service de ses frères en humanité par et dans un dialogue fraternel.
• Le tout est supérieur aux parties. L’homme est un être de relations qui se transcende par ce rapport aux autres dans l’expression d’une communauté. Pour exister, il doit donner gratuitement, sans rien attendre en retour. Cette gratuité nous invite à vivre une fraternité équitable et non égalitaire.
• Le temps est supérieur à l’espace. L’espace représente un élément limité et certain, alors que le temps n’a pas de fin et n’est pas prévisible. Nous pouvons maîtriser l’espace, mais pas le temps. L’humanité doit se mettre en mouvement dans un processus créatif dont nous ne maîtrisons pas l’issue, mais dans lequel chacun a une juste place, sa place. C’est l’ambition que nous devons porter ensemble.
L’humanité vit dans l’espérance de créer un nouveau projet de vie où toutes les sensibilités, les fragilités, les convictions seront respectées et où toute vie conservera son caractère sacré.
En tant que Citoyen, retrouvons un projet de société où les hommes auront conscience que l’altérité est bien le premier pas vers la fraternité. Un idéal commun est à rebâtir permettant à chaque personne de se sentir respectée dans son identité.
En tant que Chrétien, allons à la découverte du visage du Christ qui est présent en chacun de nos frères. Comme Jésus avec la femme adultère (Évangile de Saint-Jean 8 :1-11), n’enfermons pas et ne réduisons pas la personne à ses actes. Bien au contraire, tendons une main miséricordieuse qui espère voir le bon en chacun de ses frères. Ne condamnons pas, accueillons fraternellement et témoignons sans relâche de nos valeurs d’Amour, de Paix et de Charité.
En tant que Mariste, soyons les bâtisseurs de « Foyers de lumière » en réponse à l’invitation du Frère Ernesto. Le mot foyer est choisi comme le lieu où vit une famille. La famille représente une communauté humaine où ses membres partagent des valeurs, des croyances et pourtant ils ne se sont pas choisis. La fraternité y est vécue comme un acte d’Amour responsable portant le souci de chaque personne.
Hier, un professeur d'histoire et de géographie a été sauvagement assassiné à proximité du collège du Bois d'Aulne où il enseignait.
L'horreur de ce crime nous remplit d'émotions et de gravité.
Nos pensées vont à la famille de Samuel Paty, à ses proches, à ses collègues et à ses élèves. Nous leur exprimons notre compassion bouleversée.
Parce qu'elle est notre raison d'être, nous défendrons l'école et ceux qui la font, pour que l'ignorance soit partout combattue, sous ses deux formes : celle du défaut de culture et celle du défaut de relation à l'autre. L'ignorance construit la peur.
Nous ne reculerons pas sur notre confiance dans la possibilité d'une fraternité entre les personnes, faite de dialogue entre les groupes sociaux, entre les religions et les cultures, entre les savoirs, entre la foi et la raison.
Aux instituteurs et institutrices « la dépêche du dimanche 15 janvier 1888
Vous tenez en vos mains l'intelligence et l'âme des enfants ; vous êtes responsables de la patrie. Les enfants qui vous sont confiés n'auront pas seulement à écrire, à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin d'une rue, à faire une addition et une multiplication. Ils sont Français et ils doivent connaître la France, sa géographie et son histoire : son corps et son âme.
Ils seront citoyens et ils doivent savoir ce qu'est une démocratie libre, quels droits leur confère, quels devoirs leur impose la souveraineté de la nation. Enfin ils seront hommes, et il faut qu'ils aient une idée de l'homme, il faut qu'ils sachent quelle est la racine de nos misères : l'égoïsme aux formes multiples ; quel est le principe de notre grandeur : la fermeté unie à la tendresse.
Il faut qu'ils puissent se représenter à grands traits l'espèce humaine domptant peu à peu les brutalités de la nature et les brutalités de l'instinct, et qu'ils démêlent les éléments principaux de cette œuvre extraordinaire qui s'appelle la civilisation. Il faut leur montrer la grandeur de la pensée ; il faut leur enseigner le respect et le culte de l'âme en éveillant en eux le sentiment de l'infini qui est notre joie, et aussi notre force, car c'est par lui que nous triompherons du mal, de l'obscurité et de la mort.